Je n’en reviens pas du nombre d’hommes qui ont peur de la petite piqûre utilisée pour passer le test de l’APS. Pourquoi? Pourquoi ne pas être aussi courageux que les femmes? Pourquoi tant d’hommes ne savent même pas ce qu’est le taux d’APS? (Il s’agit de la quantité d’antigène prostatique spécifique). Vous devriez commencer les tests de dépistage du cancer de la prostate à 50 ans (ou à 45 ans si vous êtes plus à risque). Le
test de l’APS est l’un des premiers tests à faire, et il est tout ce qu’il y a de plus facile à passer! Cette analyse sanguine, comme toutes les analyses sanguines, se fait sans douleur. Chez les femmes, les tests de dépistage du cancer ne sont pas si simples et peuvent causer d’importants inconforts. Pourtant, les hommes se défilent, ou procrastinent, quand vient le temps de faire ce genre d’examen. C’est complètement fou.
Il y a dix ans, mon médecin a commencé à vérifier mon taux d’APS. Les tests n’ont rien indiqué de particulier, jusqu’en décembre 2018. Mon taux d’APS était un peu plus élevé. Mon médecin m’a alors fait passer d’autres tests. Je suis resté très positif et j’étais certain d’aller bien. Je suis de nature optimiste.
Vient ensuite le tant redouté
toucher rectal. Encore une fois, les gars s’en inquiètent. Ils font des blagues. Ils le remettent à plus tard. Sérieusement? Je le répète, demandez aux femmes ce qu’elles doivent endurer. Vous allez vous compter chanceux et vous ferez cet examen. Par la suite, mon médecin voulait me faire passer d’autres tests. J’ai donc eu une échographie. Encore une fois, cet examen est extrêmement simple et indolore.
J’ai eu ensuite une
biopsie, car les résultats n’étaient toujours pas rassurants. Quelques piqûres d’aiguille dans la zone, anesthésiée, située entre les fesses et les testicules. Le pire est le bruit de la sonde durant les prélèvements. Un peu comme le bruit d’un pistolet agrafeur, mais plus fort et plus abrupt à chaque fois, mais aucune douleur. (Ça vaut la peine de faire des recherches sur cette nouvelle technique si vous vous rendez là).
Deux semaines plus tard, je me présente en compagnie de Marie-Claire, ma femme, pour les résultats. Mauvaises nouvelles. J’ai un cancer, et il est étendu.
EST-CE QUE J’AI PLEURÉ?

Je n’étais pas préparé. J’ai beaucoup pleuré. Je ne pouvais pas m’arrêter. Pourquoi? Peut-être à la pensée de partir un peu trop tôt. Vous voyez, je suis un homme chanceux. Je suis marié à une femme belle, intelligente et pleine de vie depuis plus de 38 ans. Nous avons quatre enfants incroyables que j’aime pour leurs qualités individuelles. Peut-on avoir une vie mieux remplie? Alors, pourquoi pleurer? Je suppose que c’est le choc. Le cancer.
C-A-N-C-E-R.
Je ne me rappelle aucune des explications du médecin. Je me souviens juste de l’épaule de ma femme, puis d’être allé dans une salle où une femme m’a remis une tonne de brochures avec beaucoup de gentillesse. (Il y avait beaucoup de femmes dans la clinique, des femmes au grand cœur aidant des hommes en larmes. Rien de nouveau!)
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J’adore dessiner. Voici un dessin d’Evelyn l’oiseau que j’ai fait durant cette période. La journée de mon diagnostic, j’étais Evelyn. Ce sont les femmes qui se sont occupées de moi à l’Hôpital général North York qui m’ont recueilli. Des femmes extraordinaires.
Les premières journées étaient assez lugubres. J’essayais très fort de ne pas trop penser aux mauvaises nouvelles. Aux décisions à prendre. Aux personnes à avertir. À tout ce qu’il fallait apprendre.
Ma très bonne amie Judy m’a dit : « Garde ton sens de l’humour, profite du fait que tu as le cancer. Sérieusement! Prends les places de stationnement que tu mérites ». Elle avait raison. Je devais continuer à faire les blagues, les idioties et les folies qui me définissent.
LA CHIRURGIE, SEINFELD ET DES MENTHES JUNIOR
Nous avons opté pour la chirurgie qui a eu lieu quelques semaines plus tard. J’ai apporté à l’équipe chirurgicale des bagels frais de chez Bagel House et du saumon fumé de chez Kristapsons. (Voilà la référence à l’épisode de Seinfeld). La dernière chose dont je me souviens est d’avoir été amené en fauteuil roulant. L’opération a duré une heure de plus que prévu. J’ai reçu une transfusion, car ma pression artérielle a chuté. Marie-Claire a eu peur, mais tout c’est bien passé. Je n’ai pas réussi à dormir la première nuit, j’étais trop excité, et branché.
Deux jours après l’opération, mon chirurgien m’a donné le feu vert. J’étais libre de partir! Chez moi! Je pensais que ce serait plus long, mais heureusement que non.
QUE DIRE ET NE PAS DIRE

Voici quelques conseils. Si quelqu’un vous dit avoir un cancer, ne commencez pas à parler de vos amis, des membres de votre famille ou de vos connaissances qui ont eu le cancer aussi. Ça ne m’intéresse pas. J’ai le cancer. Pas vous. Tout ce que vous avez à faire est d’écouter. D’être simplement là. Téléphonez. Les cartes de souhaits sont aussi de belles choses à recevoir.
Une voix humaine fait toute la différence au monde. Vous ne pouvez même pas en imaginer les bienfaits. La visite à l’hôpital de mon ami Philip Stern (voir le dessin à gauche) a été un magnifique cadeau. Ensuite, un jeune prêtre de notre église, prénommé Andrew, est venu à l’hôpital (voir le dessin à droite). Il a prié à mon chevet. C’était un moment spécial. Apparemment, il a été entendu.
NE SOYEZ PAS IDIOTS. FAITES-VOUS EXAMINER.
Si vous êtes un homme de 50 et plus, consultez votre médecin et discutez de la bonne méthode de dépistage pour vous, ainsi que du test de l’APS. Le cancer de la prostate n’est pas une bonne nouvelle, mais s’il est dépisté tôt, les chances de survie sont de près de 100 %. N’oubliez pas que le cancer n’est pas quelque chose qui fait soudainement son apparition parce que vous ne vous sentez pas bien une journée. Si vous ne vous faites pas examiner, vous pourriez l’apprendre une fois qu’il est trop tard.
J’ai eu la chance d’avoir l’amour et le soutien de ma famille et de mes amis, ce qui a rendu mon parcours beaucoup plus facile. J’ai eu la chance de recevoir d’excellents soins de mon médecin de famille, le Dr Bruce Topp, de mon chirurgien, le Dr David Hajek, et du merveilleux personnel du centre de la prostate de l’Hôpital général North York. Ce sont des héros. Je leur serai reconnaissant à jamais.
Je suis maintenant guéri du cancer! J’ai fait ce dessin de notre fille pendant ma convalescence. J’espère qu’il vous aide à comprendre la joie que je ressens aujourd’hui.
