Plus un homme atteint du cancer de la prostate est âgé et moins il est capable de tolérer les traitements, plus il est probable que ses traitements seront diminués, voire arrêtés.
D
r Shabbir Alibhai, de l’Université de Toronto, travaille auprès de ces hommes souvent négligés en recherche : « J’étudie comment les hommes âgés et fragiles tolèrent les traitements comme l’hormonothérapie, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Quels effets secondaires ressentent-ils? Comment ces effets influencent-ils leur vie quotidienne? Et surtout, comment les professionnels de la santé pourraient-ils les aider à mieux composer avec la maladie? Il est juste de dire, ajoute-t-il, que si nous parvenons à mieux suivre les symptômes, à intervenir plus rapidement et à atténuer les effets secondaires, nous pourrons aider les hommes à vivre mieux et plus longtemps. »
Il se concentre sur les hommes dont les organismes ne réagissent pas bien au stress des traitements, qui sont susceptibles de souffrir de complications ou de vivre une baisse généralisée de leur fonctionnement quotidien.
« Nous examinons ces hommes parce qu’ils sont plus vulnérables aux effets secondaires des traitements, dit-il. On a tendance à moins les étudier parce que leurs cas sont plus compliqués. Une grande partie des données provenant des essais cliniques concerne des hommes plus jeunes, en meilleure santé, ce qui explique les lacunes dans nos connaissances. »
Fort d’une subvention initiale accordée par Cancer de la Prostate Canada et financée par Movember, l’équipe du D
r Alibhai suit maintenant ce que vivent des hommes pendant un cycle de traitement, soit de trois à quatre semaines environ. Chaque jour, les participants évaluent des symptômes tels que la douleur, les troubles du sommeil et les nausées. Ces données indiquent à l’équipe des modèles d’effets secondaires à différents traitements, ce qui l’aidera à déterminer de quel soutien ces patients pourraient avoir besoin et quand améliorer leur qualité de vie.
Intégration de la technologie

L’étude intègre des appareils compatibles avec Internet et l’équipe effectue des sondages téléphoniques et sur papier pour suivre les données quotidiennes, ce qui permet aux médecins de réagir rapidement aux problèmes de santé, avant qu’ils ne s’aggravent.
« Nous utilisons les applis sur téléphone intelligent qui enregistrent le nombre de pas, dit D
r Alibhai. Lorsque les gens sont malades, ils commencent à passer plus de temps assis ou couchés. Si nous observons une diminution soudaine du nombre de pas, nous téléphonerons au patient et lui demanderons ce qui se passe. Si cela s’avère un moyen efficace de déceler hâtivement les symptômes, nous pourrions simplement suivre le nombre de pas. »
De nombreux participants à l’étude ont plus de 75 ans et adoptent cette nouvelle technologie. « Les hommes âgés ont souvent besoin d’un peu plus de temps pour apprendre et d’aide pour se servir des applis, et nous sommes heureux de le leur offrir. En fait, la plupart des hommes sont très enthousiastes à l’idée d’essayer la technologie ».
De la recherche à la pratique
« Nous espérons au bout du compte trouver de meilleurs moyens de déterminer quels hommes courent un risque accru d’effets secondaires et ce, plus rapidement en cours de traitement, de même que des moyens d’agir rapidement pour atténuer ces effets, explique le D
r Alibhai. Finalement, les hommes pourront peut-être survivre plus longtemps et mieux, ressentir moins de souffrances et de fatigue, et avoir une meilleure qualité de vie ».
Le D
r Alibhai espère que les leçons apprises au cours de son étude pourront être largement mises en application dans deux ans, autant le cancer de la prostate que d’autres types de cancers.
« De nombreux hommes pourraient être capables de poursuivre en toute sécurité une thérapie, si nous parvenons à trouver de nouveaux moyens de les suivre prudemment par des méthodes qui leur permettront de tolérer ces thérapies. »
Le point de vue d’un patient
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Tony Embleton a 90 ans en 2019. Depuis qu’il a reçu un diagnostic de cancer en 2013, dont un cancer de la prostate et de la vessie, il a subi une chirurgie, de la radiothérapie, de l’hormonothérapie et plusieurs cycles de chimiothérapie.
Il y a presque un an, il s’est inscrit au projet de recherche initial du D
r Alibhai. Il a rempli les questionnaires sur papier et subi des tests cognitifs et physiques chaque fois qu’il s’est présenté à la clinique.
« Cela m’a aidé à suivre ce que je ressentais, dit Tony. J’ai été chanceux en ce qui concerne la douleur. Je demeure toujours au bas de l’échelle, soit 0-1-2-3. »
Tony comprend comment le travail du D
r Alibhai profitera à d’autres qui n’ont pas autant de chance que lui. « La qualité de vie serait très importante, mais l’aspect le plus important, à mon avis, demeurerait d’obtenir les mêmes résultats des traitements, tout en souffrant moins. Plus les médecins acquièrent de connaissances ou plus ils peuvent surveiller étroitement l’évolution de la situation, plus il y aura d’avantages ».